Lyrics
Amsterdam
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d’Amsterdam
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la Lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D’un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s’entendre rire
Jusqu’à ce que tout à coup
L’accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu’en pleine lumière
Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d’Amsterdam
De Hambourg et d’ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
À bicyclette
Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
À bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y avait Fernand y avait Firmin
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette
On était tous amoureux d'elle
On se sentait pousser des ailes
À bicyclette
Sur les petits chemins de terre
On a souvent vécu l'enfer
Pour ne pas mettre pied à terre
Devant Paulette
Faut dire qu'elle y mettait du cœur
C'était la fille du facteur
À bicyclette
Et depuis qu'elle avait huit ans
Elle avait fait en le suivant
Tous les chemins environnants
À bicyclette
Quand on approchait la rivière
On déposait dans les fougères
Nos bicyclettes
Puis on se roulait dans les champs
Faisant naître un bouquet changeant
De sauterelles, de papillons
Et de rainettes
Quand le soleil à l'horizon
Profilait sur tous les buissons
Nos silhouettes
On revenait fourbus contents
Le cœur un peu vague pourtant
De n'être pas seul un instant
Avec Paulette
Prendre furtivement sa main
Oublier un peu les copains
La bicyclette
On se disait c'est pour demain
J'oserai, j'oserai demain
Quand on ira sur les chemins
À bicyclette
​
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom ; Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort, disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara, il pleut sans cesse sur Brest
Mais ce n'est plus pareil
et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
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La bohème
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres et si l'humble garni
Qui nous servait de nid ne payait pas de mine
C'est là qu'on s'est connus
Moi qui criait famine et toi qui posais nue.
La bohème, la bohème.
Ça voulait dire on est heureux
La bohème, la bohème.
Nous ne mangions qu'un jour sur deux
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d'y croire et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile, nous récitions des vers
Groupés autour du poêle en oubliant l'hiver
La bohème, la bohème,
Ça voulait dire tu es jolie.
La bohème, la bohème,
Et nous avions tous du génie.
Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d'un sein
Du galbe d'une hanche et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'asseyait enfin
Devant un café-crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l'on s'aime et qu'on aime la vie.
La bohème, la bohème,
Ça voulait dire on a 20 ans
La bohème, la bohème,
Et nous vivions de l'air du temps.
Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste et les lilas sont morts.
La bohème, la bohème,
On était jeunes, on était fous.
La bohème, la bohème,
Ça ne veut plus rien dire du tout.
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Emmenez-moi
Emmenez-moi au bout de la terre
emmenez-moi au pays des merveilles.
Il me semble que la misère
serait moins pénible au soleil.
Vers les docks où le poids et l’ennui
me courbent le dos,
ils arrivent le ventre alourdi
de fruits les bateaux.
Ils viennent du bout du monde
apportant avec eux
des idées vagabondes
aux reflets de ciels bleus
de mirages.
Traînant un parfum poivré
de pays inconnus
et d’éternels étés
où l’on vit presque nus
sur les plages.
Moi qui n’ai connu toute ma vie
que le ciel du nord,
j’aimerais débarbouiller ce gris
en virant de bord.
Emmenez-moi au bout de la terre….
Dans les bars, à la tombée du jour,
avec les marins
quand on parle de filles et d’amour
un verre à la main.
Je perds la notion des choses
et soudain ma pensée
m’enlève et me dépose
un merveilleux été
sur la grève
Où je vois tendant les bras
l’amour qui comme un fou
court au-devant de moi
et je me pends au cou
de mon rêve.
Quand les bars ferment, que les marins
rejoignent leur bord,
moi je rêve encore jusqu’au matin
debout sur le port.
Emmenez-moi au bout de la terre…
Un beau jour sur un rafiot craquant
de la coque au pont,
pour partir je travaillerai dans
la soute à charbon.
Prenant la route qui mène
à mes rêves d’enfant
sur des îles lointaines
où rien n’est important
que de vivre.
Où les filles alanguies
vous ravissent le cœur
en tressant m’a-t-on dit
de ces colliers de fleurs
qui enivrent.
Je fuirai laissant là mon passé
sans aucun remords,
sans bagage et le cœur libéré
en chantant très fort.
Emmenez-moi au bout de la terre…
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Hymne à l’amour
J’irais jusqu’au bout du monde
Je me ferais teindre en blonde
Si tu me le demandais
J’irais décrocher la lune
J’irais voler la fortune
Si tu me le demandais
Je renierais ma patrie
Je renierais mes amis
Si tu me le demandais
On peut bien rire de moi,
Je ferais n’importe quoi
Si tu me le demandais
Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer
Et la terre peut bien s’écrouler
Peu m’importe si tu m’aimes
Je me fous du monde entier
Tant que l’amour inond’ra mes matins
Tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m’importent les problèmes
Mon amour, puisque tu m’aimes
Si un jour la vie t’arrache à moi
Si tu meurs, que tu sois loin de moi
Peu m’importe, si tu m’aimes
Car moi je mourrai aussi
Nous aurons pour nous l’éternité
Dans le bleu de toute l’immensité
Dans le ciel, plus de problèmes
Mon amour, crois-tu qu’on s’aime ?
Dieu réunit ceux qui s’aiment !
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Je hais les dimanches
Tous les jours de la semaine
Sont vides et sonnent le creux
Bien pire que la semaine
Y a le dimanche prétentieux
Qui veut paraître rose
Et jouer les généreux
Le dimanche qui s'impose
Comme un jour bienheureux
Je hais les dimanches !
Dans la rue y a la foule
Des millions de passants
Cette foule qui coule
D'un air indifférent
Cette foule qui marche
Comme à un enterrement
L'enterrement d'un dimanche
Qui est mort depuis longtemps.
Je hais les dimanches !
Tu travailles toute la semaine et le dimanche aussi
C'est peut-être pour ça que je suis de parti pris
Chéri, si simplement tu étais près de moi
Je serais prête à aimer tout ce que je n'aime pas
Les dimanches de printemps
Tout flanqués de soleil
Qui effacent en brillant
Les soucis de la veille
Dimanche plein de ciel bleu
Et de rires d'enfants
De promenades d'amoureux
Aux timides serments
Et de fleurs aux branches
Et parmi la cohue
Des gens, qui, sans se presser
Vont à travers les rues
Nous irions nous glisser
Tous deux, main dans la main
Sans chercher à savoir
Ce qu'il y aura demain
N'ayant pour tout espoir
Que d'autres dimanches
Et tous les honnêtes gens
Que l'on dit bien pensants
Et ceux qui ne le sont pas
Et qui veulent qu'on le croit
Et qui vont à l'église
Parce que c'est la coutume
Qui changent de chemises
Et mettent un beau costume
Ceux qui dorment vingt heures
Car rien ne les en empêche
Ceux qui se lèvent de bonne heure
Pour aller à la pêche
Ceux pour qui c'est le jour
D'aller au cimetière
Et ceux qui font l'amour
Parce qu'ils n'ont rien à faire
Envieraient notre bonheur
Tout comme j'envie le leur
D'avoir des dimanches
De croire aux dimanches
D'aimer les dimanches
Quand je hais les dimanches...
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La mer
La mer
qu'on voit danser
le long des golfes clairs
a des reflets d'argent,
la mer,
des reflets changeants
sous la pluie.
La mer
au ciel d'été confond
ses blancs moutons
avec les anges si purs,
la mer bergère d'azur
infinie.
Voyez,
près des étangs,
ces grands roseaux mouillés.
Voyez,
ces oiseaux blancs
et ces maisons rouillées.
La mer
les a bercés
le long des golfes clairs
et d'une chanson d'amour,
la mer
a bercé mon cœur
pour la vie.
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Nuages
Lentement dans le soir
Le train s'en va
Sur le quai son mouchoir
S'enfuit déjà
Dans la glace comme un songe
Le mur gris de sa maison
Sous le jour qui s'allonge
S'estompe à l'horizon
Un nuage s'étire sur son toit bleu,
En passant il semble dire,
Un triste adieu
Et tout ce que j'aimais
Lorsque le train vire
Dans un flot de fumée
S'efface à jamais
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Sous le ciel de Paris
Sous le ciel de Paris
s'envole une chanson
elle est née d'aujourd'hui
dans le cœur d'un garçon
Sous le ciel de Paris
marchent des amoureux
leur bonheur se construit
sur un air fait pour eux
Sous le Pont de Bercy
un philosophe assis
deux musiciens, quelques badauds
puis des gens par milliers
Sous le ciel de Paris
jusqu'au soir vont chanter
l'hymne d'un peuple épris
de sa vieille cité
Près de Notre-Dame
parfois couve un drame
oui, mais à Paname
tout peut s'arriver
Quelques rayons du ciel d'été
l'accordéon d'un marinier
l'espoir fleurit au ciel de Paris
Sous le ciel de Paris
coule un fleuve joyeux
il endort dans la nuit
les clochards et les gueux
Sous le ciel de Paris
les oiseaux du Bon Dieu
viennent du monde entier
pour bavarder entre eux
Et le ciel de Paris
a son secret pour lui
depuis vingt siècles il est épris
de notre île Saint-Louis
quand elle lui sourit
il met son habit bleu
Quand il pleut sur Paris
c'est qu'il est malheureux
quand il est trop jaloux
de ses millions d'amants
il fait gronder sur nous
son tonnerre éclatant
Mais le ciel de Paris
n'est pas longtemps cruel
pour se faire pardonner
il offre un arc-en-ciel
​
​
Amsterdam
In the port of Amsterdam
There are sailors who sing
Dreams that haunt them
Off the coast of Amsterdam
In the port of Amsterdam
There are sailors who sleep
Like flying banners
Along the gloomy banks
​
In the port of Amsterdam
There are sailors who die
Full of beer and drama
At the first light of dawn
But in the port of Amsterdam
There are sailors who are born
In the thick heat
Of the ocean languor
In the port of Amsterdam
There are sailors who eat
On gleaming white tablecloths
Dripping wet fish
They show you their teeth
That can bite into fortune
That can bring down the moon
That can eat shrouds
And you can smell the codfish
In even the heart of the French fries
That their big hands invite
To comeback for more
Then they stand up laughing
In the noise of a storm
Zipping up their flies
And walking out belching
In the port of Amsterdam
There are sailors who dance
And rub up their paunch
Against the stomachs of women
And they turn and they dance
Like spit-out suns
In the torn sound
Of a rancid accordion
They twist their necks
To better hear themselves laughing
Until suddenly
The accordion dies
Then with a solemn movement
Then with a proud look
They bring back their Dutch girl
Into the open light
In the port of Amsterdam
There are sailors who drink
And who drink and drink again
And who still drink more
They drink to the health
Of the whores of Amsterrdam
Of Hamburg and elsewhere
In the end they drink to the women
Who give them their pretty bodies
Who give them their virtue
For a piece of gold
And when they’ve drunk well
They stand with their noses to the sky
Blow their noses in the stars
And they piss as I cry
On the unfaithful women
By bicycle
When we would leave in early morning
When we would leave on the paths
On our bicycles
We were great friends
There was Fernand, there was Firmin
There was Francis and Sebastien
And then Paulette
We were all in love with her
We felt ourselves grow wings
By bicycle
On the little dirt trails
We often went through hell
To not put our foot down
In front of Paulette
You have to say she put her heart into it
She was the postman's daughter
On her bicycle
And since she was eight years old
She had followed him around
On all the surrounding trails
On her bicycle
When we approached the river
We left in the ferns
Our bicycles
And rolled around in the fields
Giving rise to a changing bouquet
Of grasshoppers, butterflies
And frogs
When the sun on the horizon
Cast onto all the shrubbery
Our shadows
We went back exhausted and happy
Though our heart a bit sad
To not have had a minute alone
With Paulette
To furtively take her hand
And forget the others for a while
And the bicycle
We'd say it's for tomorrow
I'll dare, I'll dare try tomorrow
When we take to the trails
By bicycle
​
Barbara
Remember Barbara
It rained incessantly on Brest that day
And you walked smiling
Flushed, enraptured, streaming-wet
In the rain
Remember Barbara
It rained incessantly on Brest
And I ran into you on Siam Street
You were smiling
And I smiled too
Remember Barbara
You whom I didn't know
You who didn't know me
Remember
Remember that day still
Don't forget
A man was taking cover under a porch
And he cried your name; Barbara
And you ran to him in the rain
Streaming-wet, enraptured, flushed
And you threw yourself in his arms
Remember that, Barbara
And don't be mad if I speak familiarly
I speak familiarly to everyone I love
Even if I've only seen them once
I speak familiarly to all who are in love
Even if I don't know them
Remember Barbara
Don't forget
That good and happy rain
On your happy face
On that happy town
That rain upon the sea
Upon the arsenal
Upon the Ushant boat
Oh Barbara
What shit-stupidity the war
Now what's become of you
Under this iron rain
Of fire and steel and blood
And he who held you in his arms
So lovingly
Is he dead, missing or even still alive
Oh Barbara, it's rained incessantly on Brest
But it isn't the same anymore and
everything is wrecked
It's a rain of terrible and desolate mourning
Nor is it still a storm
Of iron and steel and blood
But simply, clouds
That die like dogs,
Dogs that disappear
In the downpour drowning Brest
And float away to rot far away
A long, long way from Brest
Of which there's nothing left
​
​
La boheme
I tell you about a time
That people under twenty years old could not know
Montmartre at the time was hanging its lilacs
Up under our windows, and even if our modest furnishings
That we used as a nest did not look great,
That is where we met,
Me starving and you posing nude.
La boheme, la boheme,
It meant we are happy.
La boheme, la boheme,
We only ate every other day.
In the cafés nearby
We were a few
Who were waiting for glory, and although poor
With our empty bellies
We would not stop believing, and when some bistro,
For a nice warm meal
Would take a painting, we recited verses,
Gathered around the stove while forgetting the winter.
La boheme, la boheme,
It meant you are pretty.
La boheme, la boheme,
And we were all talented.
Often I would,
In front of my easel,
Spend sleepless nights
Altering the drawing,
Of the line of a breast,
Of the curve of a hip, and only in the morning,
We would finally sit,
In front of a white coffee,
Exhausted but delighted.
We must have loved each other and loved life.
La boheme, la boheme,
It meant we are twenty years old.
La boheme, la boheme,
We lived on the air of the time
When perchance, some days
I go for a walk
To my old address
I no longer recognize
Neither the walls, nor the streets
That witnessed my youth.
At the top of a stairway,
I look for the studio
Of which nothing remains.
In its new setting,
Montmartre seems sad and the lilacs are dead.
La boheme, la boheme.
We were young, we were mad
La boheme, la boheme.
It doesn't mean anything anymore.
Carry me away
Carry me away to the ends of the earth
Carry me away to a land of wonders
It seems to me that misery
would be less painful in the sun
Around the docks, where burden and boredom
bend my back down
they arrive, their bellies heavy
with fruits, the ships.
They come from all over the world
bringing with them
wandering thoughts
in the reflection of blue skies
of mirages
Trailing a peppery scent
of unknown countries
and everlasting summers
where people live half-naked
on the beaches.
I who have known nothing all my life
but the northern sky
would like to wash away this grayness
going about.
Carry me away to the ends of the earth…
In the bars at the end of the day
with the sailors
when we talk about girls and of love
with a glass in hand
I lose my senses
and suddenly my thoughts
carry me away,
to a wonderful summer
on the shingle
where I see, arms outstretched
a lover running madly
to meet me
and I throw my arms
around my dream
When the bars close and the sailors
go back on board
I dream still until morning,
standing in the harbour
Carry me away to the ends of the earth…
One glorious day, on an old tub creaking
from hull to deck
to earn my leave I'll work
shovelling coal
Following the road that leads
to my childhood dreams,
on islands faraway,
where nothing else matters
but living,
Where languid girls
capture your heart,
by weaving, as I've been told,
flower garlands
which intoxicate you
I'll run away, leaving my past behind
Without any remorse
with no luggage and a free heart
singing ever so loudly
Carry me away to the ends of the earth…
​
Hymn to love
I would go to the end of the earth
I would dye my hair blond
If you asked me to
I would take down the moon
I would steal a fortune
If you asked me to
I would renounce my country
I would renounce my friends
If you asked me to
You can laugh at me
I would do anything
If you asked me to
The blue sky could fall on us
And the earth could crumble away
What matter, if you love me
I don’t care at all about the whole world
As long as love floods my mornings
As long as my body trembles under your hands
What matter, our problems
My love, since you love me
If one day, life tears you away from me
If you die, if you are far from me
What matter, if you love me
Because I will die too
We will have each other for eternity
In the blue of the complete vastness
In heaven, no more problems
My love, do you believe that we love each other?
God reunites those who are in love
​​
​
I hate sundays
All the days of the week
Are empty and sound hollow
But even worse than the week
Is the pretentious Sunday
That would like to look rosy
And act generous
The Sunday would like to appear
Like a day full of happiness
I hate Sundays!
The streets are crowded
Millions of passers-by
This crowd that flows past
With an air of indifference
This crowd that marches on
Like it's going to a funeral
The funeral of a Sunday
That has died long ago
I hate Sundays!
You work all week long and also on Sunday
Maybe it's because of this that I'm prejudiced
Darling, if only you were near to me
I would be ready to love everything that I do not like
The Sundays in springtime
All filled with sun
And erase, as they shine
The sorrows of yesterday
Sunday filled with blue skies
And the laughter of children
From promenades of couples in love
To timid vows
And the flowers in the branches
And in the middle of the affray
People who, without hurrying
Will cross the streets
We will slip through
The two of us, holding hands
Without wanting to know
What will happen tomorrow
Having only as hope
Other Sundays
And all the honest people
That one calls right-thinking
And those who are not
And who want us to believe they are
And who go to church
Because it is the custom
Who change their shirts
And put on a nice suit
Those who sleep for twenty hours
Because nothing stops them from doing so
Those who get up early
To go fishing
Those for who it's the day
To go to the cemetery
And those who make love
Because they have nothing else to do
Are jealous of our happiness
Just as I envy theirs
For having Sundays
For believing in Sundays
For loving Sundays
When I hate Sundays…
The sea
The sea
That we glimpse dancing
along the bright bays
Has shimmers of silver
The sea
Changing shimmers
In the rain
The sea
In the summer sky mistakes
The white sheep clouds
For angels so pure,
The sea, shepherdess
of the endless blue
Look!
Near to the ponds
Those tall wet reeds
Look!
Those white birds
And those rust-red houses
The sea
Has cradled them
Along the bright bays
And with a love song
The sea
Has cradled my heart
my whole life long
Clouds
Slowly in the evening
The train leaves
On the platform its handkerchief
Is already flying away
In the mirror, like a dream
The grey walls of his house
On the long days
It gets blurred with the horizon
A cloud stretches out on its blue roof
As it passes it seems to say
A sad goodbye
And everything that I loved
When the train turns
In a puff of smoke
Vanishes forever
​
Under Paris skies
Beneath the Parisian sky
A song flutters away,
It was born today
In a young boy's heart
Beneath the Parisian sky
Lovers walk about,
Their happiness is built
Upon a tune made just for them
Beneath the Pont de Bercy
There's a seated philosopher
Two musicians and a few onlookers
And then people in the thousands
Beneath the Parisian sky
Will sing into the evening
The hymn of the people in love
With their old city
Near Notre Dame
At times there’s trouble brewing
But in "Paname"
Anything can happen
A few rays from the summer sky
The accordion of a sailor
Hope is blossoming in the Parisian sky
Beneath the Parisian sky
A joyous river flows
That lulls to sleep
The tramps and the beggars
Beneath the Parisian sky
God's birds
Come from around the world
To chat among themselves
And the Parisian sky
Has its own secret
For twenty centuries it has been in love
With our Île Saint-Louis
When she smiles at him
He puts on his blue suit
When it rains over Paris
It's because he's sad
When he gets too jealous
Of her millions of lovers
He unleashes upon us
His roaring thunder
But the Parisian sky
Is not cruel for long
So that he may be forgiven
He offers a rainbow
​
​
​​
All translations anon.